Programmation et design:
Hugo Laliberté
Antoine Busque
Graphismes:
Jean-Nicolas Bourdon
Musique:
Sébastien Monette-Roy
L’idée est plaisante: combiner un jeu de plate-forme à la #ggi. Le résultat donne un «side scrolling» (déroulement horizontal) où Gabriel Nadeau-Dubois (GND) doit éviter les différents obstacles tout en récoltant de l’argent, l’iconique 1625$, avant d’affronter l’infâme «Robeauchamp» pour terminer le jeu.
La réalisation, le graphisme simple et le peu de commandes (une seule touche) permettent aux joueurs inexpérimentés de pouvoir y jouer sans trop de problème (surtout que GND est doté d’un nombre illimité de vie). L’expert, lui, se verra offrir la possibilité de jouer avec un nombre limité de vies (3) dans la «version colérique» du jeu qui lui offrira un peu plus de fil à retordre et un scénario légèrement différent puisque le but est simplement de survivre le plus longtemps possible. Bref, un plaisir pour deux niveaux de joueurs.
Notons aussi que le jeu est suffisamment équilibré pour que la récolte de pièces ne deviennent pas lassante avant la rencontre du méchant à la fin.
Le jeu offre trois sortes d’ennemis : les policiers avec leur matraque, les flash-bombs qui éclatent si GND les touche et la tête d’Arielle Grenier qui ne cesse de dire « moi moi moi … » sur un ton qui rappelle les canards dans Duck Hunt. Un dernier ennemi est Robeauchamp qui ne peut être évitée et qui lance des carrés verts que GND transforme en carré rouge à son contact et relance pour frapper Robeauchamp.
L’humour est évidemment le moteur du jeu, chercher un sens à la récolte de 1625$ dans la narration n’offre pas d’intérêt. On récolte de l’argent pour finir le jeu (et pour faire allusion à la catégorie de jeu de plate-forme). Les pièces formant des X, des O ou des barres horizontales n’est qu’un effet esthétique renvoyant au genre et non pas à un sens propre au jeu. La fameuse boss finale aussi, une version robotisée d’un protagoniste avec un jeu de mot plutôt simpliste, Robeauchamp, et des répliques simplistes, se veut aussi humoristique et non pas une critique pointue du discours anti-grève. D’ailleurs, le titre renvoie de manière amusante à un autre jeu, Angry Birds, qui faisait sensation à l’époque de sa conception.
La seule narration, à l’exception du discours de GND interpellant les ministres libéraux à reculer dans le menu du jeu (tiré du discours du 22 mars 2012), se situe à la fin du jeu. Après avoir battu Robeauchamp, les concepteurs félicitent le joueur puis sortent de l’univers narratif du jeu pour rappeler que «la lutte reelle n’est pas encore terminee.» [sic] et incite les joueurs à reconduire leur vote de grève.
L’absence d’accents, la seule fois où un mot en possède est dans le titre d’Angry Grévistes, dans ces félicitations rappelle plusieurs vieux jeux qui n’en possédaient pas et participe à cet esthétique du jeu de plate-forme suranné. Le choix des touches X ou C pour faire sauter GND participe aussi à ce renvoi générique.
La musique aussi contribue à ce procédé allusif au genre du 8-bit en étant relativement simple : un synthétiseur qui effectue certaines notes en leitmotiv, avec quelques variations ainsi que l’ajout d’une batterie qui couvre parfois le tout. Enfin, une musique simple et rythmée sans plus.
Bref, sans grand sérieux, sinon cet appel à reconduire la grève pour les étudiant·es qui joueraient à un tel jeu (et on peut s’imaginer que c’est le public cible), l’esthétique de l’œuvre réussit très bien à s’inscrire dans le type plate-forme qu’on adapte à une situation particulière (ici la #ggi). La difficulté du jeu peut être rebutante au départ, mais on se console avec le nombre de vie illimité. La version «colérique» permet cependant aux amateurs du jeu d’essayer de relever un défi plus formidable d’amasser la plus grande somme d’argent possible. On aurait cependant aimé pouvoir soumettre son score afin de se comparer avec les autres, mais à défaut, on compare nos résultats avec nos ami·es comme on le faisait avec les vieilles consoles.
On regrette toutefois ne pas pouvoir choisir son personnage et jouer en tant que Jeanne Reynolds (ou même Martine Desjardins).
Ce billet fait partie d’une série sur la #ggi.
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