Mini-critique : Bloodsilver de Wayne Barrow

Couverture du livre Bloodsilver de Wayne Barrow

Je viens de terminer la lecture du roman de Fantasy Bloodsilver de Wayne Barrow («né en 1951, fils d’un père bostonien et d’une mère indienne navajo»). Tout au long de la lecture, je ne cessais de penser qu’il était vraiment étrange qu’un américain à moitié navajo écrive un tel recueil de nouvelles.

Rapidement, pour résumé, le livre réinvente une histoire des États-Unis où un convoi de vampires parcours l’Amérique lors de sa période de colonisation ce qui cause plusieurs changements dans l’histoires des États-Unis. Je pourrais qualifier ce recueil d’uchronie dystopique.

Un des problèmes de Bloodsilver est que, dès le début, ce groupe de vampires (aussi surnommés le Convoi) est présenté comme une marginalité sauvage excessivement riche et puissante qui peut influencer le gouvernement (un mélange des stéréotypes racistes associés aux amérindiens et aux juifs). L’histoire présente le parcours de ce petit convoi de vampires chassé par des chasseurs de vampires, le gouvernement, etc. (bref, clairement des méchants) qui réussit à influencer petit à petit le gouvernement, contrôle les richesses et domine petit à petit les États-Unis pour finalement cumuler, dans les années ’30 à une réécriture (pour nous) du film, qu’on devine être The Birth of a Nation (un film connu pour avoir redonner de la vitalité aux groupes racistes incluant le KKK ), en un film faisant l’éloge non plus des Blancs, mais du Convoi.

La première nouvelle avec le chasseur de vampire qui se rend à Salem pour traquer les vampires qui se cachent parmi la population locale a failli me pousser à mettre le livre de côté puisqu’un espèce de Van Helsing traquait des « sorcières » qu’on dépeignaient comme des créatures malfaisantes et infâmes et que ça semblait être une réécriture du Malleus Maleficarum (un des livres fondateurs de l’inquisition européenne) fictif par ses détails. J’ai cependant poursuivi la lecture pensant que ça pouvait être, maladroitement, un récit pour dénoncer ces stéréotypes, mais les autres nouvelles ne m’ont pas vraiment fait changer d’idée, bien que deux d’entre-elles remettaient en question ces stéréotypes et cessaient de présenter des protagonistes blancs comme étant les bons de l’histoire.

Similairement au film Logan; Bloodsilver semble être un récit excessivement conservateur: on suit des protagonistes blancs (tous des hommes à l’exception d’une nouvelle) qui peu à peu, perdent leurs repères culturels, leur pouvoir, leur influence et le rôle qu’ils jouent dans l’histoire au profit d’une nouvelle génération (Logan) ou d’une minorité autrefois persécutée (Bloodsilver). La différence avec Logan (où la nouvelle génération est porteuse d’espoir et de « diversité) est que cette « minorité » est réellement dangereuse (plusieurs nouvelles montrent leur sauvagerie à peine contrastée avec un récit montrant un des protagonistes blancs dans tout son racisme suite au massacre de Wounded Knee). Le film The Birth of a Nation réécrit dans la dernière nouvelle montre aussi toute l’hypocrisie et la manipulation du Convoi et le glauque destin qui attend l’Amérique dans les prochaines années et non pas un récit de conciliation et de partage comme le Convoi désire le présenter avec le film. Bref, une histoire de ces histoires dystopique conservatrice où les « minorités » « sauvages » l’emportent et comptent détruire et opprimer les pauvres Blancs qui ont tout construit (même s’il y a quelques pommes pourries réellement racistes parmi eux).

Après avoir fini la brique de presque 500 pages, je désire donc rapidement lire sur l’auteur puisque, bien que ça n’empêche pas un navajo d’écrire des trucs frôlant le racisme et le conservatisme (à escient ou non), ça me semblait vraiment manquer de perspective et d’expérience face à son propre vécu et des dynamiques en Amérique.

Il s’adonne que c’était un pseudonyme de deux auteurs français blancs (Johan Heliot et Xavier Mauméjean). J’aurais dû vérifier dès que j’ai lu « d’un père bostonien et d’une mère indienne navajo ». Comme quoi.

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