Recteur Breton : mode d’emploi – La modération

La modération

Guy Breton appelle à la modération car, en effet, il ne faut pas dépasser les bornes! Il disait : «La modulation a bien meilleur goût», nous pensons qu’il a consommé ce slogan de manière frénétique et qu’il finit par lui sortir du nez parce qu’il peut fulminer parfois sur des enjeux qui le touche plus personnellement. Cependant, il se calme assez rapidement et préfère effectuer table rase sur ce qui s’est passé. «Le passé est derrière nous», «On ne revient pas sur le passé» sont parmi les phrases qu’il a prononcé souvent lorsque nous sommes allé à un des Dialogue avec le recteur le 8 mai 2013. Breton veut travailler et influencer l’avenir.

En effet, dans sa déclaration annuelle de 20121, Breton désire tourner la page le plus rapidement possible sur l’entrée de l’anti-émeute (qui prend le nom de «force policière» dans ses mots, «force de l’ordre» sur le diaporama) :

«Cette page de notre histoire n’est glorieuse pour personne… pour personne. Je crois cependant parler au nom du plus grand nombre en disant que nous voulons tous la tourner, au plus vite, et regarder en avant.2»

ou encore :
« Il faut être capable de tourner la page.7»

«Je crois parler au nom de tous en affirmant que le temps est venu de tourner la page. 3» (juste avant de conclure en exerçant le souhait de se hisser plus haut dans les palmarès : «Ce que je souhaite, c’est que l’UdeM conserve sa place dans l’élite des universités de renommée internationale.  »)

Bref, l’épisode est refoulé au rang de mauvais souvenir. C’est, en regard de nos recherches, la seule fois qu’il commentera directement l’événement. Son appel à aller de l’avant, sa fuite en avant, semble en découler.

Une autre occasion où nous avons pu observé ce désir de fuite, mais aussi de modération fut lors de la rencontre intitulée «Réflexions et échanges sur l’enseignement supérieur à l’UdeM» où il mentionne à plusieurs reprises que l’événement doit se dérouler dans le calme et le respect (nous en convenons, mais au bout d’un moment, se le faire marteler de la sorte devient un peu paternaliste à notre avis). Ces appels à l’ordre se sont aussi réitérés à la fin de la rencontre alors que tout allait très bien.

Cette marque de modération se perd toutefois dans les remarques qu’il fait en parlant du «Salon des demandes juvéniles 4» ou encore par l’emploi du terme «crise étudiante» dans son billet ou ses messages au public ou à la communauté5.

Nous ne voulons pas que Guy Breton se transforme en un robot froid et vide d’émotion, nous aimerions plutôt lui demander de cesser le refoulement et de nous expliquer, à nous, à notre communauté ce qui l’enflamme tant dans la grève étudiante. En effet, il dira à La Presse à propos de la #ggi : « «Il va falloir que la population le sache. On est en train de mettre à feu et à sac la province pour 1$ par jour d’augmentation.6» Une expression d’enflure verbale extrêmement graphique qui évoque, plutôt que des manifestations, une guerre et du pillage et n’appelle certainement pas à prendre du recul face à ce qu’il se passe. La modération ne s’applique pas qu’aux autres et ne sert pas à camoufler des actes qu’on aimerait oublier, aussi tragiques, aussi regrettables sont-ils. La voie vers l’avenir passe par le passé et la compréhension de ce que l’on a fait afin de mieux s’orienter et d’éviter de (re)faire les mêmes erreurs.

La modération a bien meilleur goût? Pas si elle est avalée de travers.

2 Idem
5 Notamment cette utilisation du mot crise tout seul dans son message à la communauté : http://www.recteur.umontreal.ca/messages-a-la-communaute/article/une-rentree-hors-de-lordinaire-1/, sans compter l’emploi du mot boycott.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s